http://www.rfi.fr/afrique/20150120-rdc-calme-precaire-communications-coupees-loi-electorale-manifestation-opposition-tirs-kinshasa-goma-kabilal/
RDC
Un des accès à la rue de l'enseignement à Kinshasa où se trouve entre autres le siège du parti de l'opposition l’UNC, bloqué par la police qui refuse l'accès même aux journalistes, RDC, le 19 janvier 2015.RFI/LL.WESTERHOFF
RDC
En République démocratique du Congo, le Sénat reprend ce mardi l'examen de la loi électorale. Un texte fortement contesté par l'opposition qui a tenté de défiler lundi à Kinshasa. Une manifestation violemment réprimée par la police. Le bilan officiel fait état de trois morts alors que du côté de la Fédération internationale des droits de l'homme, on évoque le nombre de 14 victimes.
Ce mardi, le calme semble être revenu, mais le climat reste très tendu dans la capitale. Tout d’abord parce qu’il y a beaucoup d’interrogations du côté des réseaux de communication. Par exemple, depuis lundi soir minuit à Kinshasa, mais aussi sur l’ensemble du territoire, plus aucun accès à Internet ne fonctionne ; de même les SMS ne passent plus.
Le ministre des Télécommunications et le porte-parole du gouvernement, tous deux n’ont pas été en mesure d’expliquer dans l’immédiat cette panne généralisée, mais ils démentent toute implication. Il n’empêche que forcément beaucoup s’interrogent. En effet, des photos de blessés et de civils tués par balle ont circulé lundi sur Twitter tout comme des informations sur la mobilisation.
Interrogations aussi quant à la situation sécuritaire notamment à Kinshasa. Dans le quartier des affaires, la circulation a repris normalement, mais plusieurs sources signalent avoir entendu des tirs du côté de la place de la Victoire, non loin du Parlement, et à l’université de Kinshasa. Deux endroits où la mobilisation a été particulièrement forte hier.
Des opposants arrêtés
Enfin, il y a beaucoup de questions aussi autour des arrestations. Le président du SCODE, cet ex-parti de la majorité présidentielle qui a rejoint l’opposition il y a peu, Jean-Claude Muyambo a été arrêté ce mardi matin à l’aube à son domicile. A Goma également dans l’est du pays, deux responsables locaux des plus gros partis d’oppositions du pays, l’UDPS et l’UNC, ont été interpellés suite à la manifestation de ce lundi.
Et ces arrestations pourraient se poursuivre, car le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a prévenu hier soir dans un message télévisé que la justice allait sévir. Notamment suite aux débordements et aux cas de pillage constatés à Kinshasa.
→ à lire aussi la Revue de presse du jour : Lundi noir à Kinshasa
http://www.rfi.fr/emission/20150120-une-lundi-noir-kinshasa-kabila-pouvoir-unikin-etudiants/
Revue de presse Afrique
© AFP/Pius Utomi Ekpei
Journée d’affrontements hier dans la capitale de la RDC. On compte plusieurs morts, dont des étudiants et des policiers. L’appel à manifester lancé par l’opposition contre la révision constitutionnelle s’est mué en insurrection populaire. La tension était très forte notamment, relate le site d’informations congolais
7 sur 7 , aux abords de l’université, où « des étudiants ont saccagé le bureau qu’occupe le professeur Evariste Boshab, Vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, à l’Université de Kinshasa où il dispense des cours de droit constitutionnel notamment. Tout un symbole, s’exclame 7 sur 7, car Evariste Boshab est considéré comme un faucon dans le camp présidentiel. Farouche partisan de la révision constitutionnelle, Boshab est à la base du projet de loi électoral, en cours d’examen au Parlement, qui divise la classe politique. »
Autre cible, rapporte encore 7 sur 7 , l’artiste musicien Koffi Olomide : « les manifestants ont saccagé et pillé son hôtel, situé dans la commune de Kalamu. Selon les témoins trouvés sur place, la colère des manifestants contre l’immeuble de celui qui aime à se faire appeler 'grand mopao' (grand patron), a été motivée par la chanson qu’il avait composée et interprétée pour le chef de l’État lors de sa campagne électorale de 2011. »
Pour le site d’opposition Kongo Times, « Joseph Kabila a trahi les Congolais. (…) Plutôt que de remettre le pays sur la voie du pluralisme politique et de l’alternance pacifique, la coalition politique au pouvoir ne trouve rien de mieux à faire aujourd’hui que de nous faire revivre les années Mobutu et LD Kabila de triste mémoire. Ensemble avec de nouveaux jeunes loups, ils n’ont pour seule ambition aujourd’hui que de rester au pouvoir, quel qu’en soit le prix pour la RDC martyrisée, et de bien soigner leurs poches. »
Sangsue ?
Dans la presse ouest-africaine, l’émotion est vive… « La répression de la manifestation d’hier signifie que le pouvoir congolais fait dans l’entêtement et la bêtise, s’exclame ainsi le site d’information Guinée Conakry Infos. Comme le pensaient Blaise Compaoré et son entourage, Joseph Kabila pense que l’intimidation est meilleure alliée que le dialogue et la concertation. Il s’agrippe comme une sangsue au pouvoir, il compte sur la flicaille et, si nécessaire sur la soldatesque, pour réduire le camp adverse au silence et à la résignation. Malheureusement pour lui, pointe Guinée Conakry Infos, cette approche, au contraire, durcit encore le bras de fer et conforte l’opposition dans sa résistance. Car de Kabila, et de tous ceux qui le soutiennent, cette méthode hard donne l’image d’un camp qui n’hésite pas à marcher sur les cadavres des Congolais pour arriver à ses fins. Un motif suffisant pour continuer et intensifier la résistance, pour que demain soit différent. »
L’Observateur Paalga au Burkina Faso enchaîne : « on avait pourtant pensé qu’avec les précédentes et récentes 'Quatre Glorieuses' burkinabé qui ont fini par emporter Blaise Compaoré le 31 octobre dernier, les autres chefs d’Etat africains comme le Burundais, Pierre Nkurunziza, le Togolais, Faure Gnassingbé, le Tchadien, Idriss Deby, et bien sûr le Congolais, Joseph Kabila, reverraient leur appétence quasi maladive du pouvoir. Mais hélas, le degré d’addiction de certains de nos princes à cette drogue dure que constitue l’autorité suprême est tel qu’il n’en existe aucune cure de désintoxication. »
Que va faire l’opposition ?
« Au final, l’opposition congolaise a-t-elle réussi son pari de mobilisation ? », s’interroge le site Afrikarabia. « Au regard du nombre de manifestants qui ont essentiellement agi par petits groupes d’une centaine de personnes, la mobilisation est faible. Pourtant deux phénomènes sont importants à noter : en multipliant les rassemblements aux quatre coins de la ville, les opposants ont pu donner l’image d’une capitale assiégée et la paralyser. Les commerces étaient pour la plupart fermés, ainsi que les écoles. Avec quelques milliers de manifestants en plus, Kinshasa pourrait vite tomber dans un chaos dangereux pour le régime. Autre enseignement important, poursuit Afrikarabia : le rôle des jeunes et des étudiants, qui se sont fortement mobilisés aujourd’hui, n’hésitant pas à affronter frontalement les forces de l’ordre. L’Unikin pourrait ainsi devenir le principal foyer de contestation de la capitale à surveiller par les autorités congolaises. Dernier point, le Sénat joue la temporisation en reculant sur le projet de loi électoral. Un signe inquiétant pour la majorité qui voulait passer le texte 'en force' et rapidement. Les prochaines heures seront donc cruciales dans la capitale congolaise. Reste à savoir quelles seront les prochaines consignes de l’opposition ? »
Le ministre des Télécommunications et le porte-parole du gouvernement, tous deux n’ont pas été en mesure d’expliquer dans l’immédiat cette panne généralisée, mais ils démentent toute implication. Il n’empêche que forcément beaucoup s’interrogent. En effet, des photos de blessés et de civils tués par balle ont circulé lundi sur Twitter tout comme des informations sur la mobilisation.
Interrogations aussi quant à la situation sécuritaire notamment à Kinshasa. Dans le quartier des affaires, la circulation a repris normalement, mais plusieurs sources signalent avoir entendu des tirs du côté de la place de la Victoire, non loin du Parlement, et à l’université de Kinshasa. Deux endroits où la mobilisation a été particulièrement forte hier.
Des opposants arrêtés
Enfin, il y a beaucoup de questions aussi autour des arrestations. Le président du SCODE, cet ex-parti de la majorité présidentielle qui a rejoint l’opposition il y a peu, Jean-Claude Muyambo a été arrêté ce mardi matin à l’aube à son domicile. A Goma également dans l’est du pays, deux responsables locaux des plus gros partis d’oppositions du pays, l’UDPS et l’UNC, ont été interpellés suite à la manifestation de ce lundi.
Et ces arrestations pourraient se poursuivre, car le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a prévenu hier soir dans un message télévisé que la justice allait sévir. Notamment suite aux débordements et aux cas de pillage constatés à Kinshasa.
→ à lire aussi la Revue de presse du jour : Lundi noir à Kinshasa
http://www.rfi.fr/emission/20150120-une-lundi-noir-kinshasa-kabila-pouvoir-unikin-etudiants/
Revue de presse Afrique
A la Une: lundi noir à Kinshasa
Autre cible, rapporte encore 7 sur 7 , l’artiste musicien Koffi Olomide : « les manifestants ont saccagé et pillé son hôtel, situé dans la commune de Kalamu. Selon les témoins trouvés sur place, la colère des manifestants contre l’immeuble de celui qui aime à se faire appeler 'grand mopao' (grand patron), a été motivée par la chanson qu’il avait composée et interprétée pour le chef de l’État lors de sa campagne électorale de 2011. »
Pour le site d’opposition Kongo Times, « Joseph Kabila a trahi les Congolais. (…) Plutôt que de remettre le pays sur la voie du pluralisme politique et de l’alternance pacifique, la coalition politique au pouvoir ne trouve rien de mieux à faire aujourd’hui que de nous faire revivre les années Mobutu et LD Kabila de triste mémoire. Ensemble avec de nouveaux jeunes loups, ils n’ont pour seule ambition aujourd’hui que de rester au pouvoir, quel qu’en soit le prix pour la RDC martyrisée, et de bien soigner leurs poches. »
Sangsue ?
Dans la presse ouest-africaine, l’émotion est vive… « La répression de la manifestation d’hier signifie que le pouvoir congolais fait dans l’entêtement et la bêtise, s’exclame ainsi le site d’information Guinée Conakry Infos. Comme le pensaient Blaise Compaoré et son entourage, Joseph Kabila pense que l’intimidation est meilleure alliée que le dialogue et la concertation. Il s’agrippe comme une sangsue au pouvoir, il compte sur la flicaille et, si nécessaire sur la soldatesque, pour réduire le camp adverse au silence et à la résignation. Malheureusement pour lui, pointe Guinée Conakry Infos, cette approche, au contraire, durcit encore le bras de fer et conforte l’opposition dans sa résistance. Car de Kabila, et de tous ceux qui le soutiennent, cette méthode hard donne l’image d’un camp qui n’hésite pas à marcher sur les cadavres des Congolais pour arriver à ses fins. Un motif suffisant pour continuer et intensifier la résistance, pour que demain soit différent. »
L’Observateur Paalga au Burkina Faso enchaîne : « on avait pourtant pensé qu’avec les précédentes et récentes 'Quatre Glorieuses' burkinabé qui ont fini par emporter Blaise Compaoré le 31 octobre dernier, les autres chefs d’Etat africains comme le Burundais, Pierre Nkurunziza, le Togolais, Faure Gnassingbé, le Tchadien, Idriss Deby, et bien sûr le Congolais, Joseph Kabila, reverraient leur appétence quasi maladive du pouvoir. Mais hélas, le degré d’addiction de certains de nos princes à cette drogue dure que constitue l’autorité suprême est tel qu’il n’en existe aucune cure de désintoxication. »
Que va faire l’opposition ?
« Au final, l’opposition congolaise a-t-elle réussi son pari de mobilisation ? », s’interroge le site Afrikarabia. « Au regard du nombre de manifestants qui ont essentiellement agi par petits groupes d’une centaine de personnes, la mobilisation est faible. Pourtant deux phénomènes sont importants à noter : en multipliant les rassemblements aux quatre coins de la ville, les opposants ont pu donner l’image d’une capitale assiégée et la paralyser. Les commerces étaient pour la plupart fermés, ainsi que les écoles. Avec quelques milliers de manifestants en plus, Kinshasa pourrait vite tomber dans un chaos dangereux pour le régime. Autre enseignement important, poursuit Afrikarabia : le rôle des jeunes et des étudiants, qui se sont fortement mobilisés aujourd’hui, n’hésitant pas à affronter frontalement les forces de l’ordre. L’Unikin pourrait ainsi devenir le principal foyer de contestation de la capitale à surveiller par les autorités congolaises. Dernier point, le Sénat joue la temporisation en reculant sur le projet de loi électoral. Un signe inquiétant pour la majorité qui voulait passer le texte 'en force' et rapidement. Les prochaines heures seront donc cruciales dans la capitale congolaise. Reste à savoir quelles seront les prochaines consignes de l’opposition ? »
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